Ah Noël, ses boules, son sapin, sa magie... et sa potion magique!
Recette des madeleines au miel façon Joël Robuchon, revisitées au Quatre Épices et rebaptisées petits remèdes anti-Noëlite aiguë
Si, si, détrompez-vous, malgré ce ton guère enthousiaste, j'aime bien Noël, parce que j'adore me retrouver en famille et rigoler aux larmes à des calembours plus affligeants les uns que les autres. Et oui, parce que le calembour à la noix, c'est une spécialité familiale, plutôt du côté paternel d'ailleurs mais la branche maternelle n'est pas en reste. Je me souviens par exemple d'un 24 décembre où l'on avait organisé, au débotté, un concours du pire meilleur jeu de mots de la soirée de Noël, c'était énorme désolant).
Non, ce qui me rebute dans ces fêtes de fin d'année, ce sont les préparatifs. Quand je dis préparatifs, je ne pense pas forcément aux préparatifs dits de "bouche", mais plutôt à ces courses folles de dernière minute pour trouver le cadeau manquant parce que tous les ans, jusqu'à la veille du grand jour, on se dit qu'on aura bien le temps, hein... ?
Et pourtant on se retrouve tous à J-5, quand commence le compte à rebours, comme autant de petits Lapins blancs en panique (cf un précédent billet), le téléphone greffé à l'oreille: "bon, y'en a plus, je prends quoi à la place?" ou "Et lui, il a toujours pas décidé ce qu'il voulait? Et ben, il aura rien, voilà, ça c'est fait!"
Et oui, parce qu'aujourd'hui, le "smart phone" qui gère tout a remplacé la montre-gousset du dit léporidé (ça, c'est quand votre lapin a pris un coup de vieux) et voilà qu'on courre, qu'on courre, qu'on courre... Et on s'épuise, et on s'angoisse et on se met à détester Noël et on se dit que ce couillon de Vieux (remarquez que je l'affuble d'un adjectif peu amène mais que j'ajoute une majuscule à son nom, quand même. Tout n'est donc pas perdu, je l'aime encore un peu papa Noël!),et son renne Rudolphe, ils pourraient faire encore un peu plus d'efforts que d'habitude et organiser tout le chantier.
Bon, je râle, je râle.. En réalité, je suis mal placée pour le faire et je sais que ça va encore faire ricaner mes futurs et non moins habituels commensaux à ces festivités car en général, étant exilée géographiquement à Paris pour de sombres motifs professionnels, je ne m'occupe de... RIEN. Si, c'est vrai et je n'ai pas honte de le dire. Cette année, c'est pire encore puisque j'arrive jeudi soir à 20h00 au tout début de la belle nuit de Noël sauf si l'hiver a vraiment étendu son manteau blanc et que not' beau TGV Lyria est prisonnier des neiges...Alors là, ce sera le drame...
N'empêche que, même si je m'exclue complètement de l'organisation des festivités, j'ai des obligations, de sorte que, telle que vous me lisez ou que vous me parcourez, je devrais être, comme tout un chacun, en stress total car nous sommes dimanche à J-5 et comme vous l'avez sans doute compris, je n'ai toujours pas rayé tous les cadeaux de ma liste. Mais en réalité, je suis d'un calme olympien, voire même coubertien. "Et comment une telle quiétude?", vous interrogez-vous d'une voix rageuse et aiguë, une de celle qui ferait pâlir de jalousie une horde entière de castrats, alors que vous-mêmes êtes en proie à une panique incontrôlable? Et bien...parce que...
Et là,hé,hé, dites-vous que j'aime vous imaginer en train de tenter de lire frénétiquement la suite dans le but d'y découvrir le secret de mon incroyable sérénité... Parce que, disais-je donc...il existe un incroyable remède (et oui, on y vient, tout doux bijou)... A croire que cette potion magique a été créée exprès pour les crises de Noëlite aiguës!
Mais qu'est-ce donc, palsambleu? ... Hum, allez, je me lance...le Quatre Épices.
Hein?
Mais si...Fermez les yeux, inspirez profondément et pensez à cette odeur. Laissez-la vous imprègner, venir court-circuiter les synapses surexcitées de votre cerveau, les entourer de ses petits bras chaleureux et tendres (hé, hé...désormais, vous le voyez d'un autre oeil votre Quatre Épices, pas vrai?). Alors, vous commencez à vous sentir étrangement apaisés, rien qu'à humer cette odeur en ouvrant le flacon. Mais le stade ultime de la sérénité, le nirvana du bonheur retrouvé, vous l'atteignez lorsque la maison s'emplit de cette fragrance chaude émanant de votre four...
... Et là, rien ne peut plus vous atteindre...
Vous êtes dans le déni total de la réalité et vous avez totalement oublié que ces fêtes vont être une catastrophe si vous ne parvenez pas à boucler en 96 heures (comme la durée des gardes à vue pour les affaires de terrorisme, proxénétisme, grand banditisme en bande organisée, j'en passe et des pires: ) le programme d'un mois entier, que dis-je, d'un trimestre entier!! Bon, ça, ça n'est valable que dans une autre famille que la mienne car chez moi, on commence les cadeaux dés la fin de l'été, voire pour certains, dés la fin des fêtes de Noël précédentes (ne nie pas maman, on le sait tous). Ainsi, selon un calendrier fixé depuis maintenant quelques années, en septembre ou en octobre, on tire au sort (d'une manière carrément obscure, je tiens à le souligner, car je n'ai jamais assisté à ce rituel -semble-t-il- réservé aux Grands Maîtres de la fratrie maternelle), je disais donc on tire au sort les récipiendaires* et ceux qui les décorent, ces derniers devenant à leur tour les impétrants d'un autre membre de la famille et vice et versa...
[silence recueilli]
Une question? Oui? On n'a pas compris? C'est pas grave,c'était juste pour illustrer mon propos. Notre règlement intérieur n'est sans doute pas le vôtre et c'est tant mieux pour vous:). Non, Famille chérie, c'était "una broma", je vous jure, j'aime cette liste et je vous aime aussi!
Bon, allez, assez de digressions: vous la voulez ma potion magique pour arrêter le temps et apaiser la terre entière prise d'une frénésie incontrôlable?
Alors la voici. Mais avant toute chose, je dois vous dire une chose (dixit Céline Dion)... Le Quatre Épices et les oranges confites, c'est moi, mais le reste de la recette, c'est-à-dire en fait, l'essentiel de la recette, c'est Madame Marie-Claire du Sel et du Miel, chez qui ça doit sentir souvent le temps suspendu et la sérénité (au vu notamment des recettes de biscuits de Noël qu'elle offre généreusement sur son blog en ce moment), qui elle-même a vendu la mèche d'un secret de Joël Robuchon... Mais bon, comme dit l'adage, un secret partagé par deux personnes, ça n'est déjà plus un secret alors...
Recette des madeleines au miel façon Joël Robuchon, revisitées au Quatre Épices et rebaptisées potion magique de Noël (pour la posologie, je recommande une dose massive!)
Ingrédients (pour environ 24 doses bouchées):
- 100 g de beurre
- 100 g de sucre glace
- 40 g de farine
- 40 g de poudre d'amandes
- 100 g de blancs d'œufs (3 gros blancs)
- 1 cuil. à soupe de miel (moi, j'ai pris du miel d'oranger de valencia mais est-ce vraiment nécessaire?)
- 1 cuil. à café de Quatre Épices
- 20 g d'écorces d'orange confite finement ciselées
Recette:
Faire fondre le beurre dans une casserole. Le porter à ébullition puis le laisser cuire jusqu'à ce qu'il commence à brunir et à développer une bonne odeur de noisette (Juliane, je n'ai pas dit "brûlé" mais "bruni"). Dès qu'il est prêt, plonger immédiatement le fond de la casserole dans de l'eau froide pour stopper la cuisson. Laisser refroidir.
Mélanger le sucre glace, la farine, la poudre d'amandes et le Quatre Épices.
Battre les blancs d'œufs en neige très très molle. Incorporer alors avec le fouet, mais sans brutalité, le mélange de farine, puis le beurre fondu, le miel et enfin les morceaux d'orange confite
Allumer le four à 190°C. Quand la pâte a suffisamment reposé au froid, en remplir les alvéoles du moule (beurré et fariné s'il n'est pas anti adhésif) et cuire 12 mn. Bon, moi, j'avoue, je n'ai pas attendu, je les ai enfourné aussitôt, c'est pour ça que mes madeleines n'ont pas de bosse. Sniff, bien fait pour moi. En même temps, j'avais des moules de nounours, de petits coeurs et de madeleines, donc, je ne me suis pas vraiment attachée à réussir les bosses de mes madeleines (piètre excuse, j'en conviens, j'aurais du attendre!).
Et voilà... Oui, je sais, en ce moment, j'embroche tout, même les nounours!
Au fait, comme il me restait des pralines (en réalité, j'ai toujours des pralines, c'est comme une patte de lapin ou un trèfle à quatre feuilles ou un fer à cheval...), j'ai testé la même recette avec des pralines grossièrement concassées et de la poudre de pistache à la place du Quatre Epices et des oranges confites. Et bien, c'est fort bon, avec en plus le croquant des petits rubis roses.
Bon, pour ce qui est de Noël, ne vous inquiétez pas, tout est under control, je m'occupe de tout... On a le temps, rien ne presse...Il reste 95 heures... Tout va bien...Hé, hé, hé... Vive l'automédication et le surdosage!
*oui, je sais, je détourne quelque peu le sens exact de ce mot, mais c'est un hommage appuyé à mon papi Fernand qui aimait à employer ce terme,comme celui d'impétrant d'ailleurs!